UNE SALLE, UN UNIVERS

La première salle du musée est consacrée à l’histoire de la ville de Sainte-Ménehould depuis sa fondation jusqu’à la révolution française.
A l’origine, cette pièce était l’antichambre précédant la bibliothèque de Jean-Baptiste Mathieu de Vienne. Elle servait parfois de salle à manger. Les objets qui y sont aujourd’hui présentés témoignent de l’ancienneté de la ville et des événements particulièrement remarquables qui s’y sont déroulés. La collection archéologique rappelle son origine antique tandis que la statuaire et la numismatique illustrent son développement au cours du Moyen Age. Les fortifications de la ville, place forte située à la frontière du royaume de France et du duché de Lorraine alors allié au Saint-Empire germanique sont visibles sur plusieurs vues urbaines.
Au XVIIIe siècle, deux événements particulièrement importants s’y sont déroulés.
Le 21 juin 1791, le maître de poste Jean-Baptiste Drouet reconnaît le roi de France parmi les voyageurs d’une voiture qui se sont arrêtés dans son établissement pour changer les chevaux. Il est alors chargé par la municipalité d’arrêter la famille royale et chevauche avec un compagnon jusqu’à Varennes-en-Argonne où il alerte une partie de la population. Le roi et sa famille sont emmenés dans une maison du village où ils passent la nuit avant d’être reconduits à Paris dans les jours qui suivent.

Un grand tableau représente Kellermann, général en chef des armées de Moselle, qui fut le vainqueur de Valmy, une bataille livrée contre les Prussiens le 20 septembre 1792, et considérée depuis comme l’acte fondateur de la République.

Dans la troisième salle sont évoqués l’incendie qui a ravagé la plus grande partie de la ville en 1719 et la reconstruction qui a suivi dans l’esprit du Siècle des Lumières. L’ingénieur en charge de cette immense opération a ajouté un nouveau quartier vers l’est, où il a concentré les principaux organes du pouvoir, hôtel de la Subdélégation, hôtel de ville et tribunal. Il a imposé des normes très strictes pour l’élévation et le style des bâtiments dans un souci esthétique d’unité et de simplicité conforme au goût du temps. Il a ainsi fait de Sainte-Ménehould une ville aussi proche que possible de la cité idéale du Siècle des Lumières.

Le parcours conduit ensuite le visiteur dans une salle présentant du mobilier d’époque Louis XV et Louis XVI, les deux grands styles du XVIIIe. Ces objets témoignent de l’art de vivre de cette époque dont la « douceur de vivre » est devenue presque légendaire avec un souci accru du raffinement et du confort dans le cadre de vie. Ce nouvel intérêt n’est pas réservé aux seules élites parisiennes, la noblesse et la bourgeoisie de province souhaitant également vivre dans un cadre élégant, mais aussi plus fonctionnel et intimiste que les grands châteaux d’antan. Les maisons ont donc des pièces plus petites et aux attributions mieux définies. Les meubles suivent cette nouvelle tendance, se multipliant et s’adaptant à ces nouveaux besoins. Certains, comme ceux présentés dans cette pièce, deviennent même des œuvres d’art.

Cette salle donne accès à un cabinet de curiosité qui illustre un aspect essentiel du temps : l’esprit de recherche et de découverte. Le XVIIIe siècle est le siècle des Lumières, l’époque où les sciences connaissent un développement sans précédent, grâce à de multiples découvertes mais aussi à l’élaboration de véritables méthodes de classification et d’expérimentations.
Diverses collections sont présentées : des fossiles et coquillages rassemblés par Pierre Collet au XIXe siècle, une collection d’armes qui témoigne du goût pour l’exotisme et de la volonté de découverte de cultures lointaines mais aussi de l’intérêt pour les techniques comme la mécanique.
Un tableau acquis récemment par le musée résume cet esprit des Lumières. Il s’agit d’une œuvre d’Etienne Moulinneuf : Autoportrait en trompe-l’œil avec coquillages et objets scientifiques.
Enfin, les techniques de production ne sont pas négligées. On peut ainsi admirer des faïences réalisées à la manufacture des Islettes, une faïencerie très active au XVIIIe siècle située sur la commune de Sainte-Ménehould.